- LA RESTAURATION DES PHOTOGRAPHIES
- Le diagnostic ou le constat d'état d'un document
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C'est la première étape : il a pour but d'identifier le procédé et de recenser les altérations.
Celles-ci se distinguent en trois types principaux : physiques (saleté, gondolement,
rayures, déchirures, soulèvement d'émulsion, ...)
chimiques (décoloration, sulfuration, ...) et
biologiques (moisissures, insectes...).
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Le restaurateur peut rarement intervenir sur les altérations chimiques qui sont généralement
irréversibles. Par exemple, une photographie en couleur qui perd sa vivacité ne peut
les retrouver par un processus chimique quelconque.
Le seul cas envisageable concerne les daguerréotypes oxydés sur lesquels un traitement
électrolytique est possible à certaines conditions (absence de décollement de
la couche d'argent et absence de colorants de retouche).
- Le traitement de restauration
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Selon le procédé, le
traitement sera variable, mais on peut énoncer un processus général.
On commence avant toute chose par un nettoyage puis on peut procéder aux autres interventions
nécessaires : mise à plat (pour des photographies gondolées),
consolidations et comblements de lacune pour des photographies
déchirées (doublage, retouche etc.)
- Le conditionnement direct
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Il permet de stabiliser physiquement le document et
d'améliorer sa protection contre les polluants atmosphériques. Il peut
être très simple. Le document est placé dans une pochette et une
boîte confectionnées avec des matériaux conformes
aux normes de conservation. Cependant il peut être poussé un peu plus loin.
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En plus de la boîte et de la pochette, le document est monté.
Différents montages sont possibles mais le plus simple se fait généralement sous un
passe-partout réalisé avec deux morceaux de carton de
conservation. La photographie est montée sur le carton de fond à l'aide d'une
charnière en papier japon encollée avec une colle de conservation et la fenêtre
biseautée vient recouvrir la photographie partiellement sur les bords.
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Ainsi elle est protégée contre le contact direct des mains
(les manipulations malencontreuses sont des causes très importantes de dégradrations) et
contre le contact direct d'une vitre d'un cadre en cas d'exposition. Cet aspect est primordial en cas d'apport
excessif d'humidité où la gélatine se met à gonfler et peut se coller à la vitre de façon destructive.
- LA CONSERVATION PRÉVENTIVE
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Un diagnostic des conditions environnementales permet de mesurer les facteurs
dégradants pour les photographies et de donner des conseils pour les améliorer.
On s'intéresse à la lumière, la température, l'humidité relative et la pollution.
- La lumière
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Les photographies font partie des oeuvres les plus fragiles.
L'effet destructeur de la lumière est accumulatif et irréversible.
Des faibles intensités sont préconisées (typiquement 50 lux) et
si possible une protection contre les UV doit être appliquée entre les sources
lumineuses et la photographie.
- La température
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Plus la température est basse, plus les réactions de
dégradation sont ralenties. Les températures de longévité maximales
se situent en dessous de 0°C. Il existe des chambres froides
pour des collections volumineuses ou des unités plus petites comme des congélateurs
pour des fonds restreints.
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En tout cas, si l'on décide de mettre en application cette solution, il faut savoir
que lorsque la photographie retourne à des conditions climatiques normales,
le processus de dégradation recommence. Ainsi l'acquis
de longévité peut se perdre rapidement.
- Le taux d'humidité relative
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c'est le rapport entre la masse de vapeur d'eau contenue
dans l'air et la masse d'eau que contiendrait le même volume à saturation.
Il est lié à la température. Il augmente lorsque la température baisse
et inversement. Pour une bonne stabilité physique et chimique, le taux d'humidité
relative doit se situer entre 40 et 50 %.
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Lorsque les photographies sont conditionnées au froid, ce taux est abaissé
artificiellement par des extracteurs (cas des chambres froides)
ou il s'abaisse naturellement lorsque le document occupe un petit volume. En effet, si la
photographie est emballée de façon ajustée et hermétique, l'air environnant
occupe un volume restreint. La quantité d'eau présente dans l'emballage peut être
partiellement absorbée par la photographie qui est constituée majoritairemnt de
matériaux hygroscopiques (notamment la gélatine) et se stabiliser à un taux convenable
sans risque de condensation.
- La pollution
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Elle regroupe de très nombreux composés plus ou moins nocifs et
dégradants pour les photographies. Elle peut provenir de l'atmosphère
extérieure qui contient des gaz polluants divers et des composés acides ainsi
que des matériaux utilisés pour la construction des bâtiments (mousses et résines
synthétiques, bois...) et du mobilier, des contenants directs (comme les boîtes
photographiques d'origine en carton acide) et de l'activité humaine elle-même
(transpiration, fumée de cigarette, les produits d'entretien...).
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C'est pourquoi Il est important de renouveler l'air et de le filtrer.
Il faut veiller aussi à ce que le mobilier de rangement
soit réalisé avec des matériaux approuvés (aluminium, métal peint,
polypropylène, etc.) et que les documents soient rangés dans des pochettes et des
boîtes confectionnées avec des matériaux inoffensifs et adaptés
(papier neutre, polyester et autres plastiques spécifiques).
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Une photographie est fragile. Comme toute chose, elle est vouée à disparaître plus ou
moins rapidement. Le restaurateur ne fait pas des miracles. Il a
pour fonction de non pas la stabiliser complètement mais de lui apporter les meilleures
conditions environnementales possibles et augmenter de ce fait sa longévité
pour les générations futures.
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C'est pourquoi la phase de reproduction par contretypage (copie de
l'original sur un support très ressemblant) ou par une numérisation
est une action très importante. Elle vient compléter l'action du restaurateur en
sauvant les données d'un document et elle permet sa diffusion sans y toucher directement.
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